Depuis les premies conflits sur la création des stations de ski dans
les Alpes, dans les années 1950, le mouvement écologiste s'est heurté à
l'opacité du système décisionnel français et, partout ailleurs, au
"secret défense" ou au secret industriel et commercial. Le mouvement
écologiste international est alors devenu démocrate, par souci
d'efficacité : pour lever le secret et forcer le pouvoir à dévoiler les
atteintes qu'il portait lui-même à l'enironnement. C'est donc un mariage
arrangé qui s'est fait entre démocratie et environnement. Mais comment
croire que la participation du public assure la meilleure protection de
l'environnement possible ? Aujourd'hui même, le Grenelle de
l'environnement est passé par là, et a permis à l'environnement de
s'émanciper de la question du public. La formule du Grenelle, qui
consiste à négocier à cinq – États, collectivités locales, acteurs
économiques, syndicats et associations de protection de l'environnement –
a fait vaciller la flamme démocrate du mouvement écologiste. L'échec
relatif du Grenelle permet de mesurer que le milieu
environnementaliste, en tant que lobby, ne pèse toujours pas lourd.
C'est peut-être l'expression du peuple, par une démocratie plus
vivante, qui pourra changer cette situation.
Démocratie et environnement, un mariage arrangé, par Étienne Ballan, membre de l'association Arenes, président de l'équipe spéciale sur la participation du public dans les forums internationaux – Convention d'Ararhus, Nations unies Revue Territoires n° 516 mars 2011 |